C’est un monument ! Affichant plus de 10.000 victoires au compteur, Brian Sears, 51 ans, a d’ores et déjà marqué de son empreinte l’histoire du trotting Nord-Américain. Samedi, ce natif de Fort Lauderdale (Floride) mènera, à son plus grand plaisir, Bold Eagle, à Woodbine (Canada). Dans les “divisions” de Breeders Crown (2 ans, 3 ans…), le “White Knight” (Cavalier Blanc), comme il est surnommé, ne compte pas moins de 30 succès ! Autant dire que le crack tricolore est entre de bonnes mains.

Ses chiffres donnent le vertige. Ils traduisent le talent du personnage. La culture de la gagne n’est pas une expression vaine pour celui qui fait partie du cercle fermé des drivers, à avoir “scoré” à plus de 10.000 reprises, en Amérique du Nord ! Et à ce jour, il flirte avec la barre symbolique des 200.000.000 de dollars en tant que pilote. À la vitesse d’une F1, les succès s’enchaînent. À ce rythme, pas simple d’avoir une mémoire exhaustive de ses plus beaux chefs-d’œuvre. “Il me semble que j’ai remporté 27 Breeders Crown”, confie Brian Sears, en tout début d’interview. “Mais je n’en suis pas certain. Il faut que je vérifie.” Quinze minutes plus tard, après rectificatif, le chiffre est supérieur à celui annoncé : “Finalement, j’en ai gagné 30.” Au palmarès de la star culminent les grandes épreuves du trotting nord-américain, telles que les Meadowlands Pace (2005-2016), Maple Leaf Trot (2008 -2015), Yonkers Trot (2005-2015) ou encore le Kentucky Futurity (2005-2009-2019)… À ce jour, il est le seul driver au monde à avoir réussi l’exploit de “remporter à deux reprises, l’Hambletonian et Hambletonian Oaks au cours de la même journée. C’était avec Muscle Hill et Broadway Schooner en 2009, puis avec Royalty For Life et Bee A Magician en 2013.”

Évidemment, au chapitre des souvenirs impérissables figure la légende Muscle Hill, crack sur la piste (20 succès en 21 sorties), comme au haras (père notamment de Propulsion) : “Il fait incontestablement partie des meilleurs trotteurs que j’ai drivés. Il m’a permis de gagner mon premier Hambletonian. Il avait été phénoménal (détenteur du record de l’épreuve en 1’08’’5). C’était un “Gunner” ! Même quand il était fatigué, il ne vous laissait pas tomber. En 2009, il avait été élu cheval de l’année. Rocknroll Hanover, en 2005, et Bee A Magician(Breeders Crown 3 Year Old Filly, Maple Leaf Trot…) en 2013, avaient également obtenu cette distinction. Vous comprendrez, qu’eux aussi, ont marqué ma carrière.” Celui qui a décroché, en 2018, le record du monde de vitesse au sulky d’Homicide Hunter (1’07’’6) n’a pas manqué de marquer les esprits. Par ses pairs et le public, il a été surnommé “The White Knight” (le Cavalier Blanc). “Cette réputation est liée à ma casaque, dont la couleur principale est le blanc, explique-t-il. Elle est née, il y a 15 ans, à Meadowlands, parce que je gagnais pas mal de courses. Les gens ne voyaient que du blanc pour ainsi dire (rires).”

Samedi, Brian Sears, qui vit des grands moments avec le meilleur 3 ans américain, Greenshoe, s’élancera avec la tunique du “Cavalier Rouge” dans la Breeders Crown, au sulky de Bold Eagle. “C’est vraiment très excitant de pouvoir mener un tel champion”, s’exclame-t-il. C’est John Campbell qui m’a demandé si ça m’intéressait de driver “Bold”. L’entourage du cheval s’était rapproché de John afin d’être conseillé sur un pilote. Quand il m’a fait la proposition, j’ai tout de suite accepté ! À ce jour, je n’ai drivé que deux fois à Vincennes (N. D. L. R. : lors des journées des rencontres internationales). Les courses françaises, je les regarde à la télé quand mon emploi du temps me le permet. Bien sûr que j’ai vu les victoires de “Bold” dans le Prix d’Amérique ! Seul un “Special Horse” peut remporter ce type d’épreuves. C’est un honneur de driver Bold Eagle. Je vais le découvrir, mais il fera partie des meilleurs chevaux que j’aurai drivés. Je n’ai aucun doute qu’il peut gagner samedi. Je ne pense pas que la piste sera un problème pour lui. Il a la classe et le speed pour se sortir de n’importe quel piège. Il s’élancera premier ou deuxième favori. Mais attention, il ne court pas seul. Je redoute principalement Guardian Angel As, qui a réalisé un super été. Il a aussi Six Pack dans les rangs.”

Prophète en son pays, Brian Sears a décroché à plus d’une reprise le rêve américain. Songe-t-il à un Eldorado outre-Atlantique ? “L’occasion ne s’est pas réellement présentée pour courir en France par exemple. Il y a de bons drivers tricolores pour mener les chevaux français, qui sont différents des trotteurs américains. Mais pourquoi pas un jour… Pourquoi pas gagner une grande épreuve comme le Prix d’Amérique (rires) ? Ou une autre en Europe . Avec Arch Madness, j’avais terminé deuxième de Commander Crowe dans l’Elitloppet 2012.”

Sources :  Paris-Turf Par Michel BURGIO | Publié le mardi 22 octobre 2019 à 20:00

Photo : Bostonglobe.com