Plus discret dans les médias depuis quelques mois, le propriétaire de Bold Eagle s’est exprimé à quelques heures d’un Prix de l’Atlantique qui pourrait s’avérer décisif pour son champion, ce samedi sur l’hippodrome d’Enghien (Val-d’Oise).

Le Prix de l’Atlantique approche et Bold Eagle est attendu au tournant après son échec cagnois. Comment va-t-il et dans quel état d’esprit êtes-vous ?PIERRE PILARSKI. Apparemment très bien, selon Sébastien Guarato. Le cheval a parfaitement travaillé ces derniers jours. J’ai reçu des photos ; je trouve qu’il n’a jamais été aussi beau. En ce qui me concerne, je suis aussi confiant qu’avant le Critérium de Vitesse de Cagnes-sur-Mer, mais vous comprendrez facilement qu’une interrogation subsiste quant à sa performance à venir.

Pourquoi a-t-il échoué aussi radicalement en dernier lieu ? Sitôt la course, j’ai pensé au Prix Gaston Brunet, dans lequel il avait sombré il y a tout juste quatre ans (grand favori, Bold Eagle avait conclu neuvième en 1’20’’2 sur les 2 100 m de la petite piste de Vincennes à cause de problèmes pulmonaires). On avait galéré pour le retrouver au top ensuite, donc je me suis dit qu’on allait revivre ça. Finalement, pas du tout. Certes, il était un peu « sale » (encombré au niveau des voies respiratoires) mais le cheval a rapidement bien retravaillé ensuite. Sa présence au départ du Prix de l’Atlantique prouve que son entraîneur est satisfait de lui en tout cas.

Avez-vous changé des choses ? Sébastien a décidé de le faire dormir dehors, dans son paddock, pour qu’il ne respire pas la poussière de son box la nuit notamment. Et Björn Goop le drivera.
Justement, revenons sur ce changement de driver ? Ces derniers temps, j’avais l’impression que Franck (Nivard)… (il cherche) appréhendait. Si j’ai des reproches à lui faire, ils ne concernent que deux courses : la batterie de l’Elitloppet en mai 2017 et le Grand Prix du Bourbonnais du mois de décembre, cet hiver. En Suède, nous n’avions pas besoin de gagner la batterie qualificative détachée avec les œillères baissées. Le cheval trottait 1’08”4 ! Ce jour-là, on a péché par orgueil je pense. Et dans le « Bourbonnais », alors que le cheval courait déferré des quatre pieds pour la première fois, l’effort tenté en troisième épaisseur dans la montée était impossible après coup. Mais que ce soit clair, ces deux courses ne sont rien à côté de ce que Franck nous a apporté depuis qu’il drive Bold.

Pourquoi Björn Goop ? Car on avait besoin d’un œil nouveau. Et Björn n’aura plus à driver Readly Express après l’Elitloppet étant donné que celui-ci arrêtera sa carrière à la fin du mois de mai. Comme, dans ma tête, Bold devait recourir après, c’était une opportunité d’avoir Björn avec nous.
En parlant d’avenir, quel est le programme de Bold ? Donc il court le Prix de l’Atlantique. En juin, il essaiera de gagner un quatrième Prix René Ballière à Vincennes, ce qui n’a jamais été fait. Et le plan veut ensuite que nous partions 10 jours en Suède pendant lesquels il disputera le Hugo Åbergs Memorial à Jägersro le 30 juillet, puis l’Aby Stora Pris le 10 août. D’où le choix, aussi, de faire appel à Björn Goop pour le driver dans ces épreuves-là. Il est très habitué à les disputer.

En cas de nouvel échec, le Prix de l’Atlantique pourrait-il être la dernière course du champion ? Évidemment, mais si on prend cette décision, ce sera en connaissance de cause. J’ai intégré le fait qu’un jour, cela s’arrêtera pour de bon. En attendant, je ne peux pas penser que Sébastien Guarato puisse être aussi loin de la vérité. S’il me dit que le cheval est bien à l’entraînement, ce n’est pas sans raisons.

« Je pense plutôt que c’est le nouveau Readly Express »
Autre actualité pour vous, ce samedi, avec la présence de Face Time Bourbon, dont vous êtes copropriétaire. Sébastien Guarato en parle comme de son « nouveau Bold Eagle ». Est-ce différent d’être « propriétaire décideur », comme avec Bold Eagle, et « propriétaire suiveur », comme avec Face Time Bourbon ? Je comprends pourquoi Sébastien le compare à Bold, mais je pense plutôt que c’est le nouveau Readly Express, car il lui ressemble davantage. Et oui, c’est différent d’être décideur ou non. Évidemment. Avec Face Time, la seule chose que j’ai faite, c’est choisir le pilote… Les Italiens sont majoritaires, donc ce sont eux qui décident. Logique.

Un dernier mot ? Oui, je voulais ajouter une chose au sujet de Bold Eagle. Peut-être qu’avant, il était exceptionnel mais nous avions du mal à nous en rendre compte. Aujourd’hui, il est certainement un champion un peu plus normal mais il reste extraordinaire. Ses gains (4 444 620 €), c’est ceux de Readly Express et Propulsion cumulés (2 201 824 € + 2 355 396 € = 4 557 220 €). Vous vous rendez compte ?

Quid de votre activité au galop ?
Les chevaux m’ont permis de faire des rencontres. Celles de Guillaume Macaire et Didier Guillemin notamment. Le premier entraîne mes sauteurs, le second mes chevaux de plat et je suis ravi ainsi. Je dois avoir 17 ou 18 chevaux de course au galop, 12 en obstacle et le reste en plat. Il est arrivé un moment où j’en avais marre de regarder les courses et de ne rien comprendre au galop. Si je ne fais pas les choses, j’ai du mal à les ressentir, d’où mon investissement pour la discipline. L’obstacle, je trouve que c’est le trot d’il y a 50 ans, où l’homme faisait la différence. Aujourd’hui, si tu n’es pas un fils de Ready Cash ou de ses descendants au trot, tes chances de gagner sont moindres. Le plat, c’est encore autre chose. Mais j’adore vraiment l’obstacle. J’ai l’impression que mon expérience du trot me sert en plus.

Sources : Le Parisien – Propos recueillis par Romain Porée| 19 avril 2019, 18h34.

Photo : Vincennes, le 30 décembre 2018. Sébastien Guarato (à gauche) et Pierre Pilarski après le Grand Prix de Bourgogne. Scoopdyga/E. Chouraqui